Des actions à tous les niveaux

Une solidarité inter-continentale ne s'invente pas, elle se construit.

Ce n’est pas parce qu’on quitte un endroit physiquement, qu’on le quitte nécessairement moralement. En ce qui me concerne, j’ai quitté l’école mais je n’ai pas quitté La Maison d’Aïna. En voyant de mes propres yeux l’ampleur de la situation, je ne pouvais me résoudre à penser rentrer chez moi et tirer un trait sur ma mission solidaire. J’ai beaucoup travaillé, à l’école, à la mise en place d’ateliers davantage axés sur la prise de parole à l’oral et la prise de confiance en soi. J’ai aussi beaucoup pris de vidéos, photos tout en prenant le temps d’écrire quelques articles, pour eux mais aussi pour vous. Si j’ai eu l’occasion de voir une autre vie, une autre culture et une autre misère, je sais que tous ne le peuvent ou ne le veulent. C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire et de transmettre. Je m’inscris en quelque sorte en tant que médiateur.

Après vous avoir peint durant ce dernier mois différentes toiles sur les réalités rurales à Madagascar, je me rends compte que je dois maintenant travailler avec vous pour peindre de nouvelles toiles aux teintes plus gaies. Parce que faire du solidaire, de l’humanitaire ne consiste pas qu’à se rendre sur place, mais à agir tout simplement, vous avez le droit de savoir en quoi vous pouvez contribuer. Bien que l’approche financière semble la plus simple, je sais que je m’adresse aussi à un public qui n’a pas forcément les moyens de contribuer régulièrement pour parrainer un élève dans une école. Combien de fois j’ai du dire que je ne pouvais pas m’engager auprès d’Amnesty, auprès de MSF parce que je sais que mon budget mensuel ne me le permettra pas ? Pour autant, il est important de se rendre compte que tout un chacun peut contribuer à sa façon.

Tout d’abord, même si le système d’enseignement semble impossible à changer, en vérité ça l'est, il faut procéder petit à petit. Un système ne se réforme pas du jour au lendemain, mais les idées sont pourtant inépuisables. Ainsi, il faut accepter de prendre du temps pour mettre en œuvre un changement. Il faut voir en grand mais procédé par étape, il faut que les projets soient menés à terme mais qu’ils soient bien menés. En ce sens, La Maison d’Aïna, sensible à la pédagogie active, va mettre en place, grâce au soutien de Maëva Chateaux et des Conseils d’Administration malgache et français, des ateliers axés sur le développement durable. Si les parents ne réalisent pas qu’ils peuvent avoir un avenir meilleur grâce à la scolarisation de leurs enfants, il est important que les enfants eux-mêmes s’en rendent compte. En formant les enfants à une agriculture durable dans le respect de l’environnement tout en leur expliquant en quoi ce qu’ils font est utile et dans leur intérêt, alors ils seront fières de mener à bien le projet et d’en faire part à leurs parents.

De l’autre côté du continent, il nous est possible aussi d’agir. Si tout le monde n’a pu voir le poids que représentait le quotidien pour les populations les plus vulnérables, beaucoup d’entre nous y sont pourtant véritablement sensibles. Alors en échangeant les uns avec les autres, en continuant à sensibiliser ceux qui préfèrent rester dans l’ignorance, en réfléchissant, on parvient à des idées puis à des projets puis à des réalisations. Il faut accepter d’essuyer des échecs pour parvenir à des solutions. Combien de chercheurs, par exemple, ont passé leur vie à chercher sans jamais avoir obtenu de résultats pertinents ? Cependant, en ce qui concerne le système d’enseignement, nous pouvons et devons continuer nos recherches parce que nos efforts dans ce domaine ne seront pas vain. Nous arriverons à un résultat probant étant donné que l’objectif de La Maison d’Aïna, qui est le même que celui mentionné dans mes précédents articles c’est-à-dire de rendre l’élève actif de son enseignement est un objectif accessible. En revenant à ce qu’il nous est possible de faire, lorsque je parle de réflexion et d’échange, j’aimerais appuyer sur le fait que ce n’est que par l’interaction que nous parviendrons à mettre au point de potentiels réformes. Dès lors, je pense qu’il serait nécessaire de se réunir pour réfléchir et agir. Ne minimisez pas l’importance du dialogue et du débat. Sachez que tout un chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.

Par ailleurs, si je vous ai peint le quotidien des 60 familles que soutient La Maison d’Aïna, n’oubliez pas que 80 % de la population malgache est dans cette situation et que beaucoup de pays dans le monde sont dans cette situation. Plus clairement, il n’y a pas qu’une association qui œuvre de la même façon que LMA. Si cette dernière vous ouvre ses portes avec enthousiasme pour tout soutien que vous pourrez apporter, il en existe des milliers d’autres qui n’attendent que vous. En partant, j’avais aussi pour objectif de sensibiliser les jeunes, ma génération. Si, je doute d’y être parvenue pour vous tous, je ne doute pas du fait que vous le serez un jour. Il y a énormément de combats, et tous méritent d’être soutenues. Je ne vous demande pas nécessairement de parrainer un enfant, même si ce serait une action honorable car durable et utile, mais de vous engager dans un combat et de vous y donner corps et âme. Lorsque vous avez la chance d’être allé à l’école, lorsque vous avez la chance d’avoir une protection sociale et médicale, lorsque vous avez la chance de n’avoir rien que l’eau courante, n’oubliez pas que d’autres n’ont pas eu cette chance mais que vous pouvez y remédier.